MANAGER À PARTIR DU FUTUR
Dans un monde de complexité et d’incertitude croissantes, il serait inopérant et vain de chercher à se limiter à une reproduction du passé. Au-delà de la simple administration, le management devient alors l’art de créer un futur différent en prenant l’engagement de donner réalité à une ambition. Pour le manager, une nouvelle relation au temps s’impose.
L’engagement sincère, fort et permanent, pour la réalisation d’une vision a un pouvoir considérable. Grace à lui, quelle que soit la situation, les réflexes managériaux s’organisent à partir de cette finalité. Dès maintenant, de façon perceptible, cet engagement donne vie à un futur différent, il permet à toute l’équipe d’y ajouter foi et de s’inscrire dans une dynamique de “proaction” convergeant vers la vision. Cette relation différente au futur crée un nouveau contexte pour toutes les activités, et donc un véritable changement de culture qui, sans cela, tendrait naturellement à se maintenir telle quelle.
Repartons du présent. Pour le manager, le présent est le domaine des décisions et des actions. Je propose d’organiser ces dernières en deux grandes catégories : réaction et “proaction”.
La catégorie “réaction” regroupe toutes les décisions et actions déterminées par le passé. Réaction à une procédure, à un planning de production ou de services à délivrer, à une panne, à une réclamation client, à une demande reçue d’une autre fonction de l’entreprise, … Cette liste pourrait encore s’allonger beaucoup. La vocation principale des réactions est d’exécuter une tâche préalablement définie ou de restaurer une situation passée qui s’est détériorée.
La famille “proaction” réunit au contraire les prises de responsabilité actives qui visent à construire un futur différent. L’essence de la proaction est un engagement sincère et fort à réaliser quelque chose qui n’existe pas encore, à donner vie à ce qui avait d’abord été imaginé comme une simple possibilité.
Je crée mon propre contexte à partir de la vision. En quelque sorte : « Je manage à partir du futur. »
Il est facile de consacrer tout son temps à la réaction. Plus qu’une tentation, le manager perçoit généralement cette situation comme une contrainte. Il l’exprime par le commentaire fréquent : « J’aimerais avoir du temps pour m’occuper de proaction, mais il faut bien faire tourner la boutique… » Finalement, la réaction devient une excuse, souvent inconsciente, pour rester en territoire connu. Bien sûr, il y a et il y aura encore des problèmes à résoudre mais le plus gros des problèmes c’est quand le manager se laisse accaparer par la réaction permanente et ne consacre pas une partie significative de son temps, de son énergie et de ceux de son équipe à construire un futur différent.
Quel qu’il soit, le futur sera le résultat des actions d’aujourd’hui. Et ce que je choisis de faire ou de ne pas faire peut être décidé en fonction du passé qui s’impose à moi, ou du futur dont je souhaite l’avènement. Pour une démarche de progrès puissante, il s’agit de passer de décisions et d’actions entièrement déterminées par le passé et les circonstances, à des décisions et des actions qui permettront un futur différent, porté par une vision.
Ce thème est développé dans le livre « La Performance de l’Entreprise, une Histoire d’Amour » – Guide pratique pour les managers des années 2020 ; parution fin Janvier 2020
* * * * *